L'école de Cernex, un peu d'histoire

L'ÉCOLE DE CERNEX : UN PEU D'HISTOIRE

L'ÉCOLE DE CERNEX : UN PEU D'HISTOIRE

Accès des garçons à l'enseignement


En 1823, le 17 septembre, M. l'Intendant ayant interrogé M. le Syndic de Cernex sur l'existence éventuelle d'une école dans sa commune ou sur l'opportunité d'en créer une, les conseillers "ont l'honneur de répondre à M. l'Intendant qu'il n'y a jamais existé aucune école rière ladite commune de Cernex: qu'il n'y a ni fondation ni legs ni donation à ce destiné et qu'il n'existe rière ladite commune aucun local pour placer un instituteur, que les hameaux de ladite commune étant fort éloignés les uns des autres il serait fort difficile que les élèves puissent profiter des instructions, à cause de l'éloignement et des mauvais chemins: après avoir mûrement réfléchi ils ne sont point d'avis qu'il y ait un instituteur rière ladite commune pour les causes ci-dessus: et ainsi fait et délibéré à Cernex les an et jour que dessus..."

{highslide float=left type="img" url="histoire/19eme/ecole_1823-1.jpg" width=200 captionText='L'école de Cernex, un peu d'histoire' } {/highslide} Une autre délibération datant de 1845 fait apparaître que "...depuis environ sept ans il y a un fond alloué au budget pour un vicaire régent qui n'a cessé d'enseigner depuis lors: la commune soit les enfants qui profite de l'enseignement louent une chambre pour cet objet, moyennant une rétribution que chacun fournit volontairement..."


Donc cet enseignement était dispensé depuis 1838 par ce deuxième vicaire de la paroisse appelé Ambroise Chounex que la commune avait eu beaucoup de peine à obtenir. Il ne concernait que des garçons volontaires et payants. Il était dispensé dans une salle du château, probablement la Salle des Chevaliers: délibération du 3.4.1853 

"...M. le Syndic a représenté au susdit conseil que Josephte Saxod, veuve Thouvier, propriétaire de la chambre où se fait l'école des enfants mâles de ladite commune et que le Conseil Communal a choisi pour salle consulaire a fait observer que le Conseil y voulant tenir ses assemblées ainsi que toutes les réunions extraordinaires pour le service municipal, elle ne pouvait par céder pour le même prix ladite chambre qui sera destinée exclusivement à l'école et au service de la commune et qu'elle voulait que l'on augmente le loyer de ladite chambre d'au moins 20 livres. Le conseil susdit considérant que ladite chambre est une des plus propice pour les assemblées communales que l'on puisse trouver étant assez spacieuse et très celariée et munie des bacs de l'école qui sont un grand avantage lors des élections, considérant que l'on ne pourrait guère louer à meilleur compte une salle de cette dimension est d'avis que le loyer de la chambre de l'école soit augmenté de 20 livres..."

{highslide float=left type="img" url="histoire/19eme/ecole_1823-2.jpg" width=200 captionText='L'école de Cernex, un peu d'histoire' } {/highslide} Comme pour les garçons 30 ans plus tôt, le démarrage sera difficile et commencera par une acceptation feinte à la réquisition de l'Autorité:      16.12.1851 "le susdit Conseil ...considérant qu'il n'y a pas de maîtresse d'école et qu'il n'y a rien de porté sur le budget précédent ont été d'avis de porter une somme de cent livres à la pour ce regard 7ème catégorie pour la maîtresse d'école".


Novembre 1852 ". ..considérant que la somme de 100 livres portée pour la maîtresse d'école devient inutile n'en ayant point actuellement dans la commune..." 

18.12.1854 "...Monsieur le Syndic a fait donner lecture au Conseil Communal susdit de la lettre de Monsieur l'Intendant Général en date du 14 du courant. Par cette lettre, Monsieur l'Intendant Général invite de Conseil prénommé à bilancer une somme quelconque au budget de 1855 pour parfaire le traitement de la maîtresse d'école et l'indemniser pour l'enseignement qu'elle doit donner aux filles de la Commune qui sont pauvres. Il y a discussion dans le Conseil. Plusieurs conseillers étaient d'avis que l'on bilançât au budget communal une somme quelconque pour le traitement de la maîtresse d'école, d'autres au contraire n'étaient pas d'avis que l'on portât une somme pour le susdit traitement, en cette conséquence ayant fait voter le susdit Conseil par assis et lever, il en est résulté que le nombre de voix contre était 9 et que le nombre de voix pour n'était que de 5. Les conseillers refusant l'allocation pour le traitement de la maîtresse d'école donnant pour raison que les villages formant la commune de Cernex sont éloignés du chef-lieu et qu'en hiver le mauvais temps empêche les petites filles de venir à l'école, les autres au contraire soutenant que l'instruction est d'une utilité nécessaire pour la commune et que maintenant chaque village peut en profiter et que le nombre des élèves est de 65 et les autres protestant et certifiant que la plus grande portion des filles ne peuvent point fréquenter l'école par rapport au mauvais temps et mauvais chemins et à l'éloignement et qu' il n'y a plus de 60 qui ne peuvent y venir ainsi qu'à la quantité des neiges vu qu'ils sont situés au pied du Mont-de-Sion."

Or l'institutrice avait déjà pris son poste. On louera une salle supplémentaire au Château. Et l'année suivante est passé un contrat en bonne et dûe forme: "...Le susdit Conseil désirant donner autant que possible une instruction suffisante aux jeunes filles de la paroisse, ont convenu avec Mademoiselle Jeannette fille de vivant André Barthassat, régente patentée, née et domiciliée de la commune de Cruseilles qui a déjà rempli les fonctions de régente dans ladite commune l'année proche passée, ici présente et acceptant et au besoin autorisée par ledit André à feu Claude Barthassat, son père, ont convenu, dis-je, qu'elle ferait la classe à toutes les jeunes filles de la commune qui se présenteront à son école qui sera située au chef-lieu de Cernex, qu'elle leur enseignera l'alphabet, la lecture du français et du latin, l'écriture, l'arithmétique, les premiers éléments de la langue  française, la maille et le tricot et en un mot tout ce qui est relatif à l'école primaire élémentaire, et ce 2 fois par jour, 3 heures le matin et 3 heures le soir, les dimanches jeudis et fêtes chaumées exceptés pendant l'espace de 10 mois consécutifs à commencer dès demain. 

Et moyennant la stricte observation de ce que dessus, les sieurs François Tissot, Syndic, Pierre Bretton, Davoine et Chaffard, conseillers communaux sont d'avis de faire toucher à ladite régente pour son traitement

I / la somme de 100 livres qui est allouée au budget communal pour ce motif
II / celle de 200 livres qui sera payée par les élèves à titre de Minervale comme suit: la somme de 40 centimes par mois pour celles qui n'écriront pas et de 50 centimes pour celles qui écriront et dans le cas que la Minervale par elle perçue fît plus que pour parfaire les susdites 300 livres, elle devra en tenir compte à la commune. Comme aussi si ladite Minervale ne suffisait pas pour finir son traitement, le restant lui sera payé par la commune...

La Chambre d'école reste à la charge de la commune. Pour le chauffage et le fourneau de ladite chambre, chaque élève devra payer la somme mensuelle de 20 centimes qui sera payée au commencement de chaque mois et par avance pour les 6 premiers mois seulement..."

Mais la reconduction pour 1856 n'a pas été sans peine: "...le 22 du mois de juin à Cernex, le Conseil dudit lieu s'est réuni au local ordinaire de ses séances aux personnes de MM. Bretton Pierre vice­syndic excusant le syndic absent, Chaffard Martin, conseiller délégué et Davoine Philibert, suppléant délégué en remplacement de Louis Vigne autre conseiller délégué absent quoique dûment convoqué, assisté du secrétaire communal.

Le susdit conseil étant assemblé aux fins de procéder à la nomination d'une régente patentée pour faire la classe dans ladite commune pendant l'année scolaire 1856 et 1857, M. le vice-syndic fait observer:

1. qu'il a convoqué le Conseil Communal pour passer ladite convention, et ce en vertu de la circulaire de M. l' Indendant Général du 10     courant, n 78
2. qu'une grande partie dudit Conseil, c'est-à-dire 7 membres ne se sont pas présentés
3. que quatre des membres présents, soit la moitié, ont refusé de passer ladite convention.
Il semble donc que la convention n'ait été passée que par l'autorité de l' Intendant Général, la grande majorité des délégués étant en désaccord. Pourquoi?

L'instruction des filles est une nouveauté, sa nécessité peu ressentie.
L'hiver de cette première année de classe légalisée a été très pluvieux, toutes les planches sur les ruisseaux ont été emportées rendant les communications avec les hameaux quasi impossibles.

Il est vraisemblable que les familles qui avaient payé au mois 20 centime de chauffage pour rien fussent mal disposées à recommencer. Mais l'année suivante..."Mademoiselle Jeannette Barthassat s'étant acquittée des devoirs de sa charge à la satisfaction générale, et cela depuis 3 ans, se voit reconduite pour l'année 1857-1858 qui commencera le 15, 8ème prochain..."

Cette fois l'enseignement des filles est assuré, définitivement.

Les registres de présences des filles se sont trouvés conservés, contrairement à ceux des garçons, ce qui permet d'étudier l'évolution des effectifs de 1865 à nos jours.

En 1865, il y avait 61 filles scolarisées sur 77 susceptibles de l'être, pour une population de 911 habitants.

Ce nombre a augmenté pour atteindre 72 en 1881-1882, année de la promulgation des lois Jules Ferry sur l'instruction publique (obligation, gratuité, laïcité) puis il a diminué sérieusement jusqu'à atteindre 24 dans les années 1900. C'est la population rurale qui diminuait (708 habitants en 1902) contre coup de l'essor industriel.

Il remonte jusqu'en 1916 : 42 filles scolarisées au chef-lieu alors qu'ils y en avait d'autres à La Motte, puis c'est la dégringolade de l'après-guerre et de la crise économique. En 1929, 8 filles en tout.

Nouvelle remontée de 1929 à 1940 : 36 élèves puis nouvelle dégrin­golade de 1941 à 1968. C'est l'exode rural: 16 élèves en 1968, compensé depuis par un apport de familles d'origine extérieure à la commune, souvent liées à l'emploi frontalier. 21 filles en 1985.

Gérard Roche   Bulletin N° 5 1989
Crédit documentaire archives de la mairie de Cernex, traité et publié sur le site le 6 Mars r2004, Michel Weinstoerffer

Galerie XIXe siècle