Honoré Philippe

Honoré Philippe, Les conscrits de Cernex au début du siècle

Honoré Philippe, Les conscrits de Cernex au début du siècle

LES CONSCRITS


Tout se passait à la mairie de Cruseilles en présence de tous les maires du canton, présidé par le Préfet et bien sûr la brigade de gendarmerie ( pas très nombreuse pour présenter les armes au Préfet !). Nous étions présentés par commune et bien sûr dans le plus simple appareil devant deux médecins-majors. Après une visite assez sérieuse, on était déclaré" bon pour le service" soit pour la cavalerie, l'artillerie, l'infanterie ou " ajourné" en attendant l'année suivante avec une autre classe pour un nouvel examen où on était déclaré apte à servir la patrie ou proposé pour une commission de réforme. Il ne faut pas oublier que ces formalités étaient prises très au sérieux et les jeunes hommes qui ne faisaient pas leur service militaire se sentaient inférieurs. On leur disait pour les taquiner" Vous n'êtes même pas bons pour les filles !".

Une fois sortis de la mairie, les marchands de fleurs en papier et de cocardes faisaient des affaires en nous en épinglant sur le chapeau et naturellement sur la poitrine.

A notre retour de Cruseilles, après un banquet, on faisait la tournée des conscrites pour leur offrir une cocarde en souvenir de la classe et les parents faisaient sauter les bouchons.

Mes conscrits étaient: Jérémie Jeantet, François Excoffier, Louis Dunand, André Constantin et Jules Pillet. Nous avions acheté en commun un énorme bouquet de fleurs en papier pour le maire et nous le lui avons épinglé sur la poitrine.

Le lendemain, chacun armé d'un tambour, d'un clairon, d'un accordéon, sans oublier le drapeau porté par l'un de nous dans un élan patriotique, nous parcourions la campagne. Après ces agapes très fatigantes chacun rentrait chez soi content d'avoir fait les conscrits.

Les conscrits duraient une semaine...

 

{highslide float=left type="img" url="histoire/20eme/Conscrits.jpg" width=200 captionText='Les conscrits' } {/highslide} Debout. de gauche à droite: CONSTANTIN - JEANTET Jérémie ­ EXCOFFIER François
Assis de gauche à droite : Philippe Honoré - DUNAND Louis


{highslide float=left type="img" url="histoire/20eme/Honore_philippe.jpg" width=200 captionText='Honore Philippe' } {/highslide}

Traité et publié le 4 février 2005 par Michel Weinstoerffer

Honoré Philippe, La vogue de Cernex au début du siècle

Honoré Philippe, La vogue de Cernex au début du siècle

LA VOGUE


Je voudrais vous parler de la vogue, la fête patronale des autrefois qui existe toujours le 11 novembre, jour de la Saint Martin.

Plusieurs jours à l'avance les forains, peu nombreux mais toujours les mêmes, venaient dresser leurs stands. Il y avait maître Robert de Malagny avec son carrousel qui, faute d'énergie électrique, fonctionnait d'une façon très rudimentaire. En actionnant deux grosses manivelles, le mât pivotait et entraînait une grande roue dentée, une certaine vitesse était obtenue. Le manège tournait environ cinq minutes à la grande joie des enfants. Il faut noter que Robert était très sympathique et trouvait toujours de la main-d'œuvre bénévole, surtout chez les enfants, pour actionner à la manivelle un piano que l'on appelait "limonaire" que l'on rencontre aujourd'hui chez Dufaugt, forain à la foire d'Annecy. Chez eux c'est une tradition.

Nous avions aussi notre fidèle "Pierre des pipes" qui restait deux semaines installé car très populaire. Il fallait tirer des pipes en plâtre avec une carabine. On gagnait une poupée, une peluche, des fleurs artificielles. Les poupées étaient de différentes tailles selon la mise.

"Margotton" avait son tir aux cannes. Un grand choix de cannes de toutes grandeurs et de toutes couleurs étaient suspendues au­dessus de "la table aux quilles" sur laquelle étaient posées quatre quilles que l'on devait renverser avec deux plaques rondes en fer de huit centimètres de diamètre. La canne était alors gagnée.

La femme de Margotton tenait le stand de vaisselle. De la belle porcelaine était posée sur trois disques qui tournaient à l'horizontale. On lançait un disque selon son choix et le prix choisi. Quand le disque s'arrêtait, le cliquet indiquait la vaisselle que l'on avait gagné.

Il ne faut pas oublier la grande activité de nos mères et tantes qui fabriquaient des montagnes de rissoles aux poires Blesson et les grandes tartes aux pommes, aux prunes et aux pruneaux secs de la circonférence à peu près d'une roue de vélo car il ne faut pas oublier qu'à cette date on invitait tous les proches parents.

Les tartes se cuisaient toutes le même jour chez le boulanger, jour qu'il fixait lui-même. Toutes ces tartes étaient étalées sur des planches et chacune à son tour était cuite au four, ce qui donnait une grande animation à la boulangerie où la bonne humeur régnait.

On les mangeait toutes chaudes à la sortie du four où une femme faisait goûter sa fabrication. Après ,avoir assisté à la messe de la saint Martin où tous les parents se réunissaient. Les hommes payaient quelques tournées d'apéritif avant d'attaquer les bonnes tables.

Je me souviens de ces journées chez ma mémé "Tiennette", elle présidait la table et cela se passait dans une sincère amitié familiale.

Dans la soirée les jeunes voulaient gambader et les jeunes filles à cette occasion n'avaient pas besoin de permission, une certaine tolérance leur était accordée. Il n'y avait pas de salle de bal. C'était dans la grande remise à Dusonchet bien bétonnée, bien balayée et toute décorée de guirlandes et de papier multicolore. Il y avait un orchestre rudimentaire avec deux accordéons et surtout une grande caisse pour donner plus de sonorité. Le bal se terminait très tard, souvent au petit jour où les flonflons de la vogue s'éteignaient jusqu'à l'année suivante.

A L'AN QUE VIN !

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Traité et publié le 4 février 2005 par Michel Weinstoerffer

Honoré Philippe, Les gromailles de Cernex au début du siècle

Honoré Philippe, Les gromailles de Cernex au début du siècle

LES GROMAILLES


A peu près tous les paysans des autrefois avaient beaucoup de noyers car l'huile n'était pas importée; on récoltait beaucoup de noix pour la consommation familiale. L'huile que l'on fabriquait était très appréciée.

Les noix étaient ramassées précieusement et mises au sec en attendant les gromailles. Pour cette occasion on se réunissait à la veillée et certains cassaient les noix avec des marteaux, d'autres séparaient les cerneaux de la coquille. On se réunissait comme cela d'un village à l'autre et ces veillées étaient très appréciées quand il y avait des filles. La soirée se terminait toujours par un bon casse­croûte: pain, tomme, lard et rissoles. Ensuite il y avait toujours un énergumène qui sortait sa musique à bouche et faisait tournicoter les cotillons. Ce n'était pas méchant et bien sympathique, il arrivait quelquefois que des liaisons se terminent devant M. Le Curé et M. Le Maire.

Les gromailles terminées, il fallait faire l'huile. Il y avait sur les Usses quelques moulins à farine avec roues à aubes ainsi que des moulins à huile, "chez les Gay" entre le pont Mostan et "chez Domenges", qui écrasaient les cerneaux pour en faire de la pâte, laquelle était chauffée dans une chaudière à seule fin que l'huile sorte limpide du pressoir qui était actionné par une roue à aubes qui entraînait une grande roue dentée avec pignons d'angle qu'il est difficile de décrire. Ce mécanisme ne comprend aucune pièce métallique. C'était une grosse charpente où on entendait des craquements dans tout le moulin. Malgré tout, elle était bien équilibrée. Je revois toujours le sympathique boyard avec sa grande moustache qui manipulait son mécanisme et ne l'aurait confié à nul autre, car quoique très rudimentaire il était difficile de le maîtriser.

L'huile récupérée sortait toute chaude. On recommençait une deuxième opération. Casser les plaques de grumeau desséché pour renouveler une deuxième opération. La dernière étape consistait à récupérer les plaques de grumeau asséché pour la consommation du bétail, surtout les vaches laitières.

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Traité et publié le 4 février 2005 par Michel Weinstoerffer

Honoré Philippe, Les rogatons de Cernex au début du siècle

Honoré Philippe, Les rogatons de Cernex au début du siècle

LES ROGATIONS


Au début de chaque printemps la population du village, principalement les femmes et les enfants participait à des processions. Un matin nous allions vers la croix de Cortenges où les habitants dressaient une petite table fleurie, ornée d'un tapis blanc, avec des chandelles et un bénitier. On s'époumonait à chanter les litanies en invoquant tous les saints du paradis pour qu'ils nous apportent de bonnes récoltes.

La procession était précédée de la grosse bannière paroissiale portée par une main solide.

Le lendemain nous nous dirigions sur Verlioz où j'étais souvent mobilisé comme enfant de choeur et au retour la procession s'arrêtait au pied de la croix au sommet du village de Cernex, toujours décorée avec la même ferveur. La dernière étape était vers la maison Dusonchet qui ne manquait pas à son devoir de décorer la croix. Naturellement toutes ces processions s'arrêtant au pied des croix, le prêtre bénissait à tour de bras: les habitants, les récoltes, et chacun en prenait largement selon ses besoins.

J'ai oublié de mentionner la croix entre Cernex et Veyssières qu'on appelle de nos jours le grand Christ, récemment rénové. Les habitants de Veyssières se chargeaient de préparer la table fleurie, les cierges et l'eau bénite.

Voici mes souvenirs d'enfant de chœur dont je garde de petites gelures au bout des doigts en portant la croix ou le seau d'eau bénite.

DEO GRATIAS.

 

{highslide float=left type="img" url="histoire/20eme/honre_croix-1.jpg" width=200 captionText='Le Grand Christ à Veyssières.' } {/highslide} {highslide float=left type="img" url="histoire/20eme/honre_croix-2.jpg" width=200 captionText='La Croix de Cortenges.' } {/highslide} {highslide float=left type="img" url="histoire/20eme/honre_croix-3.jpg" width=200 captionText='A Verlioz, La Croix de la Tony.' } {/highslide}


{highslide float=left type="img" url="histoire/20eme/Honore_philippe.jpg" width=200 captionText='Honore Philippe' } {/highslide}

Traité et publié le 4 février 2005 par Michel Weinstoerffer